24 juillet 2007

Pollution à l'ozone en Suisse

Une fois n'est pas coutume: la presse grand-public suisse publie rarement des informations factuelles sur les questions liées à l'environnement, se limitant généralement à des polémiques. L'excellent Le Temps le fend aujourd'hui d'un article sur la pollution à l'ozone en Suisse. S'agissant de presse de boulevard et pas de presse scientifique, le journal ne peut s'empècher d'inventer une polémique - sujet toujours cher aux mass médias : l'article est hélas intitulé Polémique sur l'origine de l'ozone détecté en Suisse - mais la lecture de l'article montre qu'il n'y pas de véritable polémique. Il ne s'agit que d'un titre aiguicheur pour une réalité qui est un peu aride. En résumé, l'article nous parle d'une étude du Paul Scherrer Institut, qui indiquerait qu'une grande partie de l'ozone troposphérique en Suisse proviendrait de l'extérieur du pays. L'information n'est pas à proprement parler révolutionnaire : on sait que les polluants atmosphériques ont la fâcheuse habitude de ne pas s'arrèter aux frontières étatiques. Par contre il est évidemment bon de rappeller cette réalité : la défense de de l'environnement ne peut être seulement le fait d'états agissants individuellement, une coopération internationale est évidemment nécessaire.

Ceci dit, le fait que le journal mélange faits et pseudo-polémique déçoit un peu. En plus, hélas, le journal ne donne pas de référence précise de l'étude (quand a-t-elle été publiée, et où, est-elle disponible sur le Web ?). Une recherche sommaire sur le site du Paul Scherrer Insitut ne donne aucun résultat correspondant à la description qu'en fait l'article, et il n'y a rien non plus sur la page des publications de l'institut de chimie atmosphérique, qui est censé avoir publié cette fameuse étude.

On reste donc un peu sur notre faim : on ignore si une étude a bien été pubiée, ce qu'elle contient vraiment, et ou et quand alle aurait été ou devrait être publiée.

Un autre aspect intéressant de l'article est qu'il nous dit que le chercheur du PSI qui aurait publié la mystérieuse étude affirmerait qu'il pourrait affiner ses modèles de diffusion des polluants si il avait plus de données à disposition :

«Il faudrait que le gouvernement investisse de l'argent pour que nous disposions de meilleures données de base pour affiner nos modèles», estime André Prévôt. «Nous faisons au mieux avec les ressources à notre disposition», répond Martin Schiess, directeur de la division Protection de l'air à l'OFEV.


Les 2 ont évidemment mille fois raison. Ceci dit, il faudra que nous les contactions pour leur rappeller la possibilité d'effectuer des mesures précises de la concentration d'ozone avec des analyseurs mobiles, ce qui permets bien évidemment de produire rapidement des quantités importantes de données. Notre modèle 205 est déjà utilisé précisément pour cette application, par plusieurs institutions en France (CNRS, Université de Nice, ATMO-PACA). Le plus ancien modèle 202 est utilisé aussi sur un tram à Zurich : voir ici pour la page du projet, et ici pour une description de l'instrumentation.

Enfin, pour rappel, peur ceux qui seraient intéressés à une mesure ponctuelle de niveau de pollution à l'ozone à un endroit particulier, nous avons un analyseur portable que l'on peut louer.

En conclusion, il est heureux que les Mass Media nous parlent de prolèmes environnementaux. Notre bonnheur serait complet si en plus ils daignaient donner les références bibliographiques des études qu'ils disent citer, et si ils évitaient d'inventer une pseudo-polémique pour faire mousser l'information.

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